Les locations de courte durée, notamment via Airbnb, sont devenues un sujet brûlant dans de nombreuses villes françaises. Tandis que certaines municipalités adoptent une approche très restrictive, d’autres préfèrent une régulation plus souple, mettant en avant les bénéfices économiques du tourisme. Où se situe Lorient dans ce débat et quelles seraient les conséquences d’une réglementation excessive ?
Une explosion des meublés de tourisme à Lorient
D’après une étude d’AudéLor, les meublés de tourisme représentent aujourd’hui 4 % du parc total de logements de Lorient et ses environs, contre 1,1 % en 2015. Cette hausse s’observe particulièrement dans les communes littorales comme Groix, Clohars-Carnoët et Guidel, où les locations touristiques s’appuient souvent sur l’exploitation accrue de résidences secondaires. À Lorient, leur développement suit le rythme des résidences secondaires, sans pour autant réduire drastiquement le parc locatif privé.
Face à ce phénomène, la ville de Lorient a déjà mis en place certaines restrictions, comme l’obligation de déclaration et l’encadrement des résidences secondaires mises en location courte durée. Mais faut-il aller plus loin, comme Marseille ?
Marseille : un choix dogmatique aux résultats incertains
Marseille a choisi une ligne dure contre les meublés de tourisme. La municipalité a réduit la durée maximale de location d’une résidence principale de 120 à 90 jours par an et impose un principe de compensation dès la première résidence secondaire louée en courte durée. Cette mesure vise officiellement à libérer des logements pour les habitants et lutter contre la crise du logement.
Cependant, cette approche suscite des doutes. Airbnb elle-même affirme que ces restrictions n’auront « aucun impact sur l’offre de logement disponible ». En effet, les logements touristiques sont souvent inadaptés au marché locatif traditionnel (petites surfaces, localisation en zones prisées par les touristes). De plus, ces restrictions pénalisent des propriétaires qui complètent leurs revenus grâce à la location saisonnière, sans forcément résoudre la problématique de l’accès au logement.
Cannes : une régulation pragmatique et économique
À l’inverse, Cannes refuse de fixer une limite stricte sur le nombre de jours de location autorisés. Le maire, David Lisnard, défend une approche ciblée : pénaliser les abus sans freiner l’économie locale. Son argument est clair : les locations touristiques participent à l’attractivité de la ville et permettent à des habitants de compléter leurs revenus.
La municipalité privilégie une régulation basée sur l’identification des logements en location courte durée et la suppression des pratiques illégales (comme les boîtes à clés non déclarées). Cette stratégie, qui ne freine pas l’activité économique, pourrait-elle inspirer Lorient ?
Lorient : quelle voie choisir ?
Lorient se situe actuellement entre ces deux approches. La ville impose certaines obligations aux propriétaires, mais sans adopter les mesures drastiques de Marseille. La question se pose : faut-il aller plus loin ou adopter une régulation plus souple, à l’image de Cannes ?
Une réglementation trop stricte pourrait avoir des effets contre-productifs. En limitant l’offre de meublés touristiques, Lorient risquerait de freiner son attractivité pour les visiteurs et d’affaiblir un pan de son économie locale. De plus, une telle mesure ne garantit pas une amélioration significative de l’offre locative permanente, surtout si la demande locale dépasse largement l’offre de logements disponibles.
En revanche, une régulation équilibrée permettrait de préserver l’économie touristique tout en évitant les excès. Lorient pourrait s’inspirer de Cannes en renforçant le contrôle des abus sans imposer de restrictions globales qui pourraient nuire au dynamisme économique.
Conclusion : un équilibre à trouver
Les meublés de tourisme sont une réalité incontournable à Lorient et sur le littoral breton. La régulation est nécessaire pour éviter les dérives, mais une approche trop stricte pourrait nuire au développement économique et touristique de la ville. Plutôt que d’adopter des mesures dogmatiques comme Marseille, Lorient aurait tout intérêt à privilégier une approche pragmatique, inspirée de Cannes, qui combine attractivité économique et contrôle ciblé des abus. La solution idéale réside sans doute dans un équilibre entre encadrement et liberté, pour concilier les intérêts des résidents, des propriétaires et des visiteurs.