En 2023, plus de 3 millions de logements vacants ont été recensés en France, selon l’INSEE. Cela représente environ 8% du parc immobilier national. Alors que la crise du logement touche de nombreuses familles qui peinent à se loger, pourquoi certains propriétaires refusent-ils de louer leurs biens inoccupés ? La question mérite d’être posée, car au lieu de chercher des coupables dans la location courte durée, il semble plus pertinent de s’interroger sur les véritables raisons derrière l’ampleur du phénomène des logements vacants.
Une situation alarmante
Le nombre de logements vacants continue d’augmenter, alimentant ainsi la crise du logement. A Paris, par exemple, près d’une habitation sur cinq serait inoccupée. Pendant ce temps, le marché locatif est de plus en plus tendu, avec des loyers qui grimpent et des offres de location qui diminuent. En octobre 2023, l’offre locative a baissé de 8,6% par rapport à l’année précédente, ce qui accentue encore la pression sur ceux qui cherchent à se loger.
Qui sont les propriétaires de ces logements vacants ?
D’après une étude de la direction interministérielle de la transformation publique, près de 50% des propriétaires de logements vacants ont plus de 65 ans, et un tiers d’entre eux possèdent quatre biens immobiliers ou plus. Ces propriétaires sont souvent des personnes âgées et aisées, vivant à proximité de leurs biens. Cette situation révèle que la problématique des logements vacants n’est pas simplement liée à un manque de biens à louer, mais également à un phénomène plus complexe, où la question de la rentabilité et de la gestion des biens prend une place centrale.
La fiscalité : un facteur déterminant
L’un des principaux obstacles à la location des logements vacants semble être la fiscalité. De nombreux propriétaires jugent que les conditions fiscales pour la location à long terme sont trop désavantageuses par rapport à la location meublée ou saisonnière. La taxation des locations nues n’incite pas à la mise en location, notamment dans un contexte où les propriétaires ne perçoivent pas de revenus suffisants pour compenser les impôts, charges et frais d’entretien.
Un propriétaire en Haute-Savoie, par exemple, explique qu’après avoir fait le calcul, il préfère laisser son bien inoccupé plutôt que de s’engager dans une location longue durée. Ce constat est partagé par beaucoup d’autres, qui soulignent également un manque de visibilité sur l’évolution de la fiscalité immobilière, ce qui entraîne une attitude attentiste chez les propriétaires.
Les logements passoires énergétiques : un autre frein
Un autre facteur de la vacance des logements est lié à la vétusté de certains biens. Les passoires thermiques, c’est-à-dire les logements dont la performance énergétique est mauvaise (classe F ou G), représentent une part non négligeable des logements vacants. La législation en matière de rénovation énergétique devient de plus en plus stricte, et de nombreux propriétaires se trouvent dans l’incapacité d’effectuer les travaux nécessaires pour rendre leur bien conforme aux normes.
Le poids de la gestion locative
La gestion locative est un autre casse-tête pour de nombreux propriétaires. Entre la recherche de locataires fiables, la gestion des loyers et des éventuels impayés, certains préfèrent ne pas prendre le risque de louer leur bien. La peur des mauvais payeurs, bien que souvent infondée (3,55% des baux dans les grandes villes françaises sont concernés par des impayés), pousse certains à l’immobilisme. De plus, pour des propriétaires plus âgés, l’idée de gérer un bien locatif est simplement décourageante.
L’impact sur la société
Les logements vacants ont un coût pour la société. À Paris, où un logement sur cinq est inoccupé, les conséquences sont graves. Le marché locatif parisien est en crise, et ces logements vides contribuent à aggraver la pénurie de biens à louer. Jacques Baudrier, adjoint au logement à la mairie de Paris, souligne que si la capitale venait à se vider de ses habitants, les conséquences seraient dramatiques.
Certaines propositions, comme l’augmentation des taxes sur les logements vacants et les résidences secondaires, ont été avancées, mais elles sont loin de faire l’unanimité. Le droit de propriété est un principe fondamental, et des mesures trop sévères risquent de nuire à l’équilibre entre incitation à la location et respect de la liberté des propriétaires.
Conclusion : loin d’être la cause, la location courte durée est souvent un bouc émissaire
Alors que la location courte durée est souvent pointée du doigt comme responsable de la pénurie de logements, il semble plus pertinent de se concentrer sur les véritables causes de la vacance des logements. Les propriétaires de ces biens inoccupés sont souvent confrontés à des contraintes fiscales, des problèmes de gestion locative ou des difficultés liées à la rénovation énergétique. Avant de chercher des responsables là où ils ne se trouvent pas, il est crucial de repenser la manière dont les politiques publiques peuvent encourager la mise en location de ces logements vacants, afin de soulager le marché locatif et offrir davantage de solutions aux Français en quête d’un toit.